Le bailleur social Un toit pour tous, filiale du Groupe Habitat en Région, lance la déconstruction de la tour Pollux, située dans le quartier prioritaire du Pissevin. Cette initiative, dont l’achèvement est prévu pour juillet 2024, vise à renforcer la connexion du quartier à l’espace urbain. Reportage.
Pollux l’immortel se fait couper la tête ! Emblème résidentiel nîmois, le géant du Pissevin abritait 108 familles dans ses 118 logements. A l’inverse de l’enfant éternel de Zeus et de Léda, les deux tours ont entamé leur départ vers les cieux, restant gravées dans les souvenirs de ses anciens résidents.
Les anciens locataires, acteurs de leur relogement
La destruction des deux tours est une décision délicate tant pour les anciens habitants que pour le bailleur social. Certains résidents, à l’image de Gisèle une ancienne résidente du petit Pollux, ont vécu plus de 40 ans dans cet immeuble, correspondant à leurs besoins d’un point de vue social et financier : « J’ai habité au Petit Pollux. J’avais un bel appartement, j’étais bien. Ça me fait un petit pincement parce que j’ai des souvenirs là-bas. J’avais des amis, on faisait des goûters, c’était super sympa ».
La société Urbanis, dans le cadre d’une maîtrise d’œuvre urbaine et sociale, s’est tenue aux côtés des habitants pour les accompagner au mieux dans leur déménagement. Pour chaque foyer, les acteurs de la société ont veillé à ce que les cases soient cochées : à la fois sur le plan des besoins des familles que sur le plan financier. « On nous a convoqués pour nous dire qu’on allait être relogés […] explique Gisèle. J’ai eu trois choix et j’ai pris le dernier […] maintenant je suis rue Louis Proust, proche de l’hôpital et c’est bien pour ça »
95% des habitants des tours Pollux sont satisfaits de leur nouveau logement et 90% de leur nouveau quartier. S’agissant des dépenses endossées au cours d’un déménagement, la société Urbanis a pris en charge le réabonnement à EDF, GDF, La Poste… sur la base d’un forfait à 120€, ainsi que le transfert du dépôt de garantie du logement actuel sur le futur logement.
Déconstruire pour ouvrir le quartier
Quartier politique de la ville de Nîmes, les pouvoirs publics — Etat, Nîmes Métropole, Ville de Nîmes, Agence Nationale de la Rénovation Urbaine (ANRU) — espèrent « rompre l’organisation autarcique de cette partie du quartier » avec la destruction du petit et du grand Pollux. A la place, il est prévu l’aménagement d’un parc hydraulique sur un terrain gazonné d’une surface de 5 240 m2 pour « aérer le quartier essentiellement dédié au logement » précise Laurent BURGOA, le Sénateur du Gard, et profiter de l’emplacement des deux bâtisses qui se trouvent juste au-dessus de la voie d’eau du quartier.
La déconstruction se fera par grignotage du petit Pollux : il s’agit de déconstruire le bâtiment par palier, tandis que la démolition du grand Pollux se fera par écrêtage (c’est-à-dire déconstruire étage par étage pour préserver les circulations au pied de l’immeuble) du quatorzième au neuvième puis par grignotage du huitième jusqu’au rez-de-chaussée.
L’enjeu est considérable, à la fois sur le plan humain, la sécurité du chantier et ses environs, de même que l’atténuation des nuisances sonores. Un toit pour tous et son équipe de maîtrise d’œuvre s’organisent pour assurer “la sécurité à tous les étages” puisqu’à quelques mètres des tours se dressent la mosquée du quartier et un groupe scolaire.
« On a travaillé en concertation avec les enseignants, les parents d’élèves et les représentants du lieu de culte, mais aussi avec les représentants de l’entreprise de transports de Nîmes Métropole pour pouvoir préserver tout ça. Donc en fait on a organisé, phasé le chantier de différentes façons afin que les choses se passent bien », explique Julien PRIEUR, Directeur du patrimoine Un toit pour tous.
Pendant le processus de démolition, une protection mécanique, sous la forme d’un tablier métallique suspendu, sera mise en place, ainsi que l’arrosage des zones démolies pour réduire les émanations de poussières. Un mur anti-bruit a été érigé près de la cour de l’école, et des tests acoustiques sont effectués régulièrement. La mosquée bénéficie également d’une protection mécanique similaire. Pendant le processus de démolition, une protection mécanique, sous la forme d’un tablier métallique suspendu, sera mise en place, ainsi que l’arrosage des zones démolies pour réduire les émanations de poussières. Les matériaux seront recyclés et pour la plupart réutilisés dans des prochaines constructions et pour des réparations.
Tel un héros qu’on n’oubliera jamais, Pollux quitte son jumeau Castor, laissant ce dernier languir sous le soleil, comme une tragédie des dieux.
Les autres opérations de renouvellement urbain menées par Un toit pour tous à Nîmes
À Nîmes, Un toit pour tous est engagé sur plusieurs quartiers dont le Pissevin avec trois opérations : la démolition de la résidence Pollux (118 logements), la démolition et réhabilitation de la résidence Hespérides (100 logements) et la résidentialisation de la résidence Symphonie (49 logements).
Au Mas de Mingue, le bailleur social a lancé la résidentialisation de la résidence Citadelle (96 logements) et la réhabilitation de la résidence Le Vulcain (133 logements), chemin Bas d’Avignon. Un toit pour tous a investi dans près de 500 logements, pour un montant global d’opérations dépassant les 17 millions d’euros.
Une nouvelle opération pourrait voir le jour, comme le confie Jean-Marie GARABEDIAN, Directeur général Un toit pour tous : « Nous avons travaillé avec l’Etat, la Préfecture, la Ville et la Métropole, dans le cadre d’une clause de revoyure pour une amplification du projet. On attend les résultats du comité d’engagement de l’Anru, normalement à l’automne, nous permettant de voir si, au-delà de la résidence Pollux, on pourra continuer à travailler à la rénovation urbaine et notamment sur le bâtiment jumeau qui est à côté : le Castor ».
Notez que Un toit pour tous est engagé auprès de 1 822 logements situés en quartiers prioritaires sur les 4 départements sur lesquels il est implanté.
Chiffres clé sur la démolition des tours Pollux
1973 : date de création
108 familles
8 654 000 € TTC : montant global de l’opération (coûts techniques, sociaux et financiers)
(dont 6 765 781 € de subventions financées par l’Anru et 296 000 € par Nîmes Métropole)