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Fiona Urbain
Hier Dernière mise à jour le Wednesday, November 26, 2025 At 9:03 AM

Du 19 au 20 novembre, Nîmes Métropole a célébré les 10 ans de sa Digiweek en plaçant l’intelligence artificielle au centre des échanges. Plus de 500 participants – entreprises, institutionnels, étudiants et experts – se sont réunis pour explorer une question cruciale : comment intégrer l’IA dans le quotidien professionnel sans perdre de vue l’humain ? Entre annonces concrètes, comme le lancement prochain du Reality Lab IA pour accompagner les TPE-PME gardoises, et retours d’expérience variés, cette édition a montré que l’IA n’est plus une promesse lointaine, mais une réalité à façonner. Reportage vidéo.

Plus de 500 participants pour débattre de l’intelligence artificielle dans l’entreprise

Pour sa dixième édition, la Digiweek organisée par Nîmes Métropole a placé l’intelligence artificielle au cœur des débats. Plus de 500 personnes ont participé aux différents temps forts de cet événement devenu incontournable dans le paysage numérique régional. La conférence “IA : Travailler avec l’intelligence artificielle, sans perdre la sienne !” a réuni entreprises, institutionnels, étudiants et experts autour d’une question cruciale : comment intégrer cette technologie sans perdre l’humain de vue ? 

Étudiants et entreprises : préparer l’avenir ensemble

Alexandre Amrane, conseiller au cabinet du président de Nîmes Métropole, souligne la dimension prospective de l’événement : “Le but était de réunir institutionnels, entreprises, étudiants, pour façonner le présent, mais également le futur. Parce que l’avenir passe également par les étudiants qui devront travailler dans les TPE PME ou grosses entreprises du territoire.”

Une nouveauté cette année : la création de l’Intersup Nîmes Métropole, dédiée aux étudiants. Cette initiative vise à confronter les élèves de lycée et d’enseignement supérieur à des problématiques réelles de transformation digitale rencontrées par des PME locales.

Démystifier l’IA pour mieux l’adopter

Pour Alexandre Amrane, l’objectif de la conférence était clair : “Les entreprises sont souvent démarchées par des entreprises qui leur offrent des solutions d’IA, mais cela ne répond pas forcément à leurs besoins. Nous avons besoin d’avoir un panel qui puisse expliquer tout cela.

La conférence, organisée dans l’hémicycle de Nîmes Métropole en partenariat avec la French Tech Méditerranée et le BIC Innov’up, a permis d’expliquer « comment mieux utiliser l’IA et comment l’implanter au niveau de leur entreprise. »

Un Reality Lab IA pour accompagner les entreprises gardoises

Jacques-Thierry Monti, président du BIC Innov’up a annoncé le lancement le 3 décembre prochain du Riality Lab IA au sein de la CCI du Gard. “Un service qui vise à associer nos TPE, nos PME, et plus de 10 000 entreprises qui hésitent encore ou ne savent pas comment s’y prendre.”

Pour le président, l’urgence est claire : “Si nous sommes sûrs d’une chose, c’est que l’IA est quelque chose d’irréversible.” Établissant un parallèle avec la bulle Internet des années 2000, il affirme : “L’IA survivra à la bulle financière dont tout le monde annonce l’évidence dans quelques mois, quelques années. Mais peu importe. L’IA, c’est une réalité concrète aujourd’hui. C’est quelque chose d’impératif dans la performance et la survie des entreprises.

Le CHU de Nîmes à la pointe de l’IA médicale

Le secteur de la santé illustre parfaitement l’intégration concrète de l’IA dans les organisations. Le Professeur Jean-Paul Beregi, radiologue au CHU de Nîmes, détaille les nombreuses applications déployées : “Nous avons des solutions pour la détection des fractures. Il y a des solutions qui sont embarquées dans les scanners pour réduire le bruit à l’intérieur des acquisitions de scanner, ce qui permet de réduire la dose. Il y a ensuite des outils d’intelligence artificielle pour la quantification des lésions cérébrales, pour l’IRM cardiaque.

Mais l’intégration technique ne suffit pas. « Les questions que cela suscite, c’est l’organisation qui suit, parce que ce n’est pas tout d’acheter le logiciel. Ce sont les impacts que cela a sur les équipes“, souligne le professeur. Le paradoxe est réel : “À la fois, cela soulage si c’est le triage ou alors, cela aggrave le temps passé pour les radiologues. »

Pour autant, le corps médical se montre demandeur. « Le volume de données disponibles ne cesse de croître. Désormais, la demande porte sur l’adaptation de traitements personnalisés, notamment en immunothérapie, en fonction des caractéristiques précises d’une tumeur. Or, cette analyse fine et complexe ne peut être réalisée que grâce à l’intelligence artificielle, tant elle serait fastidieuse et chronophage pour un être humain. »

Sa vision pour les prochaines années ? « Cela permettra de dégager du temps humain pour être plus en contact avec les patients. »

L’IA comme compagnon, pas comme remplaçant

Lucile Brendlé, designer en innovation sociale et doctorante aux laboratoires CHROME et PROJEKT de Nîmes Université explique : « Il me semble essentiel que nous nous réunissions pour réfléchir collectivement à la pratique de l’intelligence artificielle, afin de l’adapter à nos besoins réels. L’enjeu n’est pas de craindre un remplacement, mais bien d’en faire un compagnon au service de l’humain. »

La chercheuse insiste sur la nécessité d’une approche critique : « Il faut juste être conscient de ses usages et de ses limites aussi, parce qu’il y en a énormément et il y a énormément de risques à l’utilisation de l’IA. Il faut en avoir conscience, d’autant plus dans le soin. »

Des entreprises locales témoignent

Benjamin Néel, dirigeant de Laboxy et trésorier de la French Tech Méditerranée, illustre l’usage quotidien de l’IA dans le développement logiciel. « Aujourd’hui, l’IA, on l’utilise beaucoup pour développer le code, pour le challenger. On utilise plusieurs outils en parallèle. On fait se challenger les IA entre elles, justement, pour trouver le meilleur code. »

Son retour d’expérience souligne l’importance du contrôle humain : « C’est un outil qui va nous permettre de prendre du recul, d’aller plus vite, mais qui nécessite de contrôler. C’est un gain de temps, certes, mais ça ne remplace pas l’humain incontestablement. »

Le chef d’entreprise met en garde : « On se rend compte qu’à un moment donné, elle dérive, elle dit n’importe quoi. Il faut avoir le recul pour s’en rendre compte et stopper, changer la façon de travailler. »

D’autres entreprises du territoire ont également partagé leurs expériences : ORANO sur le site de MELOX, le cabinet d’avocats BCEP, Phytocontrol, Load Stations, Urbassist. Chacune a présenté des cas d’usage concrets, démontrant la diversité des applications possibles de l’IA dans différents secteurs.

Avec 500 participants sur deux jours et le lancement prochain du Reality Lab IA, cette dixième édition de la Digiweek marque un tournant dans l’accompagnement des entreprises gardoises face à la révolution de l’intelligence artificielle. Un événement qui, au-delà des discours, propose des outils concrets pour que les TPE et PME locales ne restent pas à quai de cette transformation technologique majeure.