Les élections municipales à Grenoble, prévues les 15 et 22 mars 2026, s'annoncent comme un scrutin ouvert et hautement disputé. Après douze ans de mandature écologiste sous Éric Piolle, qui a choisi de ne pas se représenter, la capitale des Alpes fait face à une recomposition politique majeure. La gauche, historiquement dominante, part divisée, tandis que la droite et le centre tentent de capitaliser sur les critiques du bilan sortant. À quelques mois du vote, les thèmes centraux tournent autour de la sécurité, de la propreté, du logement, de la transition écologique, de l'attractivité économique et de la démocratie participative.
Le bilan d’Éric Piolle : une écologie ambitieuse, mais contestée
Éric Piolle, maire depuis 2014, a marqué Grenoble comme laboratoire de l’écologie politique : réduction de la publicité, végétalisation, soutien aux solidarités (bouclier social et climatique avec repas à bas prix à la cantine, aides énergétiques), et investissements dans les espaces publics. La ville met en avant des avancées en matière de transition écologique et de participation citoyenne.
Cependant, l’opposition dénonce une gestion jugée idéologique, avec une insécurité persistante, une propreté dégradée et un repli économique. Des sondages récents soulignent une insatisfaction forte sur la sécurité (71 % de mécontents) et une image dégradée de la ville. Éric Piolle a adressé une lettre aux Grenoblois en 2025 pour défendre son bilan, mais des controverses internes (pressions alléguées lors de la désignation de sa succession) ont entaché la fin de mandat.
Une gauche divisée, mais favorite dans les sondages
Laurence Ruffin, cheffe d’entreprise et sœur de François Ruffin, porte les couleurs d’une large coalition écologiste et de gauche (Écologistes, PCF, Génération.s, Parti animaliste, et récemment rejoints par le PS en novembre 2025). Cette alliance, soutenue implicitement par Piolle, vise à prolonger l’héritage tout en ouvrant à plus de pragmatisme. Un sondage Cluster17 (septembre 2025) la crédite de 45 % en cas d’union large au premier tour.
Cependant, La France insoumise (LFI) fait cavalier seul avec Allan Brunon (soutenu par la députée Élisa Martin), critiquant un manque d’ambition sociale et radicale. Cette division risque de fragmenter les voix à gauche.
D’autres collectifs citoyens émergent, comme Grenoble Capitale Citoyenne (Romain Gentil, soutenu par Place Publique), prônant une approche participative et écologique modérée.
Une droite et un centre en quête d’alternance
À droite, Alain Carignon (ancien maire LR, 1983-1995) mène une liste sans étiquette, axée sur la sécurité et le “rétablissement de l’ordre”. Crédité de 22-24 % dans les sondages, il progresse par rapport à 2020 et apparaît comme le principal challenger.
Au centre, plusieurs candidatures : Hervé Gerbi (Horizons), Pierre-Édouard Cardinal (société civile, soutenu par Renaissance), et potentiellement Émilie Chalas. Ces listes peinent à s’unir, mais misent sur les “modérés” déçus de la gestion sortante.
À l’extrême droite, le RN présente Valentin Gabriac, focalisé sur l’insécurité.
Les grands enjeux pour Grenoble
– Sécurité et propreté : Thèmes prioritaires pour les habitants, avec une recrudescence perçue de la délinquance et des critiques sur l’entretien des espaces publics. Les candidats de droite en font leur cheval de bataille.
– Logement et solidarités : Crise du logement abordable, mobilisation des vacants, et soutien aux plus vulnérables dans un contexte inflationniste.
– Transition écologique et mobilités : Continuer la végétalisation et les aménagements doux, ou relancer des projets plus ambitieux ? La gratuité des transports ou la piétonnisation des écoles recueillent un large soutien.
– Attractivité économique et quotidienne : Redonner du dynamisme à la ville, critiquée pour son “repli”, tout en préservant son identité innovante (science, culture).
– Démocratie locale : Référendums citoyens, participation accrue, dans une ville traditionnellement attachée à l’engagement collectif.
Ces municipales concernent aussi Grenoble-Alpes Métropole, où les équilibres pourraient basculer. Dans un contexte national tendu, Grenoble reste un bastion de gauche, mais la division et les insatisfactions sur le quotidien pourraient ouvrir la voie à une alternance. Le scrutin de mars 2026 s’annonce serré, avec un risque de triangulation si la gauche reste fragmentée.
































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