Le changement climatique menace directement nos ressources en eau. Sècheresse, accroissement du risque incendie, stress hydrique pour l’irrigation de nos cultures… Les conséquences du réchauffement de notre planète impactent directement l’Hérault. Pour protéger les terroirs et les ressources, le Département de l’Hérault déploie de nombreuses actions concrètes.
Pourquoi faut-il irriguer ?
Le réchauffement climatique s’accélère : l’augmentation de 2 °C sur 140 ans, se traduit dorénavant par 0,4°C en moyenne de plus tous les 10 ans avec un impact sur la pluviométrie, l’évapotranspiration des espèces végétales et des cultures et l’accroissement du risque incendie.
Très réglementée en matière d’irrigation, la viticulture est peu gourmande en eau (5 fois moins que le maïs), d’autant plus si elle se compose de cépages méditerranéens plus résistants à la sécheresse.
Le vignoble non irrigué est déjà impacté par le changement climatique : les récoltes diminuent, la qualité des vins s’en trouve déséquilibrée, affaiblissant la viabilité économique des exploitations et l’attractivité des territoires ruraux.
Au regard des surfaces agricoles totales, cette culture est la plus répandue dans l’Hérault, car elle est la plus adaptée à son sol et son climat depuis plus de 2 millénaires. L’Hérault est ainsi le 2ème département viticole de France avec un chiffre d’affaires de près 596M € et 6 275 exploitations viticoles employant près de 9 800 salariés. (Source AGRESTE 2020).
Comment le Département agit ?
Compétent pour l’aménagement rural, le Département choisit la solution de l’irrigation concertée et raisonnée. Il impulse Hérault irrigation 2018-2030, un plan compatible avec les parlements de l’eau et les ressources en place.
8 330 ha supplémentaires ont été ainsi équipés depuis le lancement d’Hérault irrigation sur les 22 500 ha de besoins identifiés.
Parallèlement, le Département met en place une large palette d’actions de sobriété vers une agriculture résiliente :
– Réduction des fuites dans les réseaux,
– Projet pilote de recyclage des eaux usées,
– Expérimentation de cépages résistants aux maladies et à la sécheresse, moins gourmands en eau, en partenariat avec l’INRAE et la profession agricole
– Encouragement vers de nouvelles pratiques culturales : travail du sol, utilisation de compost pour réduire l’arrosage, réintroduction de la biodiversité (haies, fossés, mare…)
– Appui des agriculteurs à la certification Haute Valeur Environnementale et passage des insecticides aux luttes naturelles contre les ravageurs de la vigne pourpréserver la qualité des cours d’eau.
– Participation à la Chaire Eau et Agriculture portée par SupAgro et l’INRAE
Le Département poursuit ses démarches d’optimisation de la gestion de ses 2 barrages (Salagou et Olivettes) afin de répondre au mieux aux usagers tout en tenant compte de ses propres obligations et contraintes, ainsi que des conditions climatiques.
Où en sont les projets de retenues hivernales ?
Le Département envisage la création de retenues hivernales pour irriguer des cultures, là où il n’existe aucune autre solution en été tout en sécurisant les ressources locales (alternative aux forages).
Le principe est de stocker l’eau de l’Or et du Rhône en hiver pour l’utiliser l’été. Ces retenues ne prélèvent pas les nappes phréatiques. Elle viennent collecter le surplus d’eau comme les eaux pluviales.
Sur 22 sites initialement identifiés, le Département finance les études de faisabilité sur 7 sites sur 3 territoires volontaires :
– 2 territoires dont la source proviendra du Rhône via Aquadomitia sur les communes de Florensac, Coulobres et Pouzolles ;
– 1 territoire dont la source proviendra de l’Orb sur les communes d’Autignac, Magalas et Caussiniojouls.
Les études de faisabilité en cours tiennent compte :
1) Du nécessaire partage de la ressource en eau entre les habitants, les agriculteurs, la biodiversité ; conformément aux Plans de Gestion de la Ressource en Eau (PRGE)
2) Des analyses écologiques et naturalistes : le Département a financé des inventaires environnementaux faune et flore réalisés par les Ecologistes de l’Euzière et identifie la plus-value environnementale que pourraient apporter les retenues, comme c’est le cas dans d’autres territoires : nouvelles zones humides, réservoirs de biodiversité, qui peuvent abriter des espèces d’oiseaux notamment ;
3) De l’analyse des besoins en eau pour dimensionner les volumes de stockage : 209 exploitations pourraient potentiellement en bénéficier, sur près de 3 500 ha.
4) De l’analyse économique : seuls les projets rentables à long terme seront réalisés et tous les usagers participeront au financement.
5) De la nécessaire recherche d’autres usages que viticoles : les retenues seront utiliséespar les sapeurs-pompiers pour lutter contre les incendies. Ces retenues pourront aussi répondre aux besoins des collectivités territoriales (jardins partagés…) ou servir à développer de nouvelles cultures nourricières (maraîchage, arboriculture, petit élevage), dans une démarche de relocalisation de la production locale en lien avec le plan alimentaire territorial du Département. Selon les cas, ces retenues pourront se transformer en lieu de promenade pour les habitants.
6) Des enjeux formulés par les différents acteurs interrogés dans le cadre de la construction du processus de concertation.
En parallèle des études de faisabilité qui se poursuivent,le Département engage une concertation avec l’ensemble des acteurs concernés par les enjeux techniques, économiques, environnementaux du projet :
– Communes : à ce stade, 6 communes concernées par l’emprise et 15 communes concernées par le recensement en besoin
– Institutionnels : SDIS, DDTM, Office Français de biodiversité, DREAL, Agence de l’eau Rhône méditerranée, Région
– Professionnels : les agriculteurs et leurs groupements : Chambre d’agriculture, coop de France, Fédération des vignerons indépendants, syndicats de cru
– Associations environnementales et de consommateurs
Crédit photos : ©Jérémy Flament Ecomnews