De la production de méthanol de synthèse et de carburant d’aviation durable devraient être produits à Fos à compter de 2030 par la société française Elyse Energy. Son président, Pascal Penicaud, a dévoilé, le 11 juillet à Fos-sur-Mer, les détails de ce projet qui sera soumis à une procédure de concertation publique cet autonome.
De l’eau, du dioxyde de carbone, de l’électricité, de l’hydrogène et une bonne dose d’électrolyse… pour produire, d’ici cinq ans à Fos, des molécules de synthèse, qui seront les futurs carburants propres des transports maritime et aérien. À la clé, 600 nouveaux emplois, un milliard d’euros d’investissements et la proposition de carburants verts…
De quoi donner le sourire au maire de Fos, les bras grands ouverts pour accueillir ce nouveau venu sur ces terres. « Merci d’avoir choisi Fos, ces projets sont d’envergure mondiale. Après pas mal de concertations, reste à mener un travail sur les compensations », précise René Raimondi.
Elyse Energy, fondée en 2020, fait partie de ces entreprises outsiders positionnés sur un marché naissant. Au nord d’Ascométal, l’entreprise vient de sécuriser un terrain d’une superficie de 51,3 ha et 399 MW auprès de Réseau de Transport d’Electricité (Rte). Baptisé NeoCarb, le projet vise trois objectifs : «décarboner pour réindustrialiser, répondre aux enjeux de souveraineté industrielle, décarboner le maritime et l’aérien», explique le président Pascal Pénicaud. Avec NeoCarb, il entend générer et consolider un flux portuaire d’environ 1 demi-million de tonnes par an.
Photo de G. à dte : Jérôme Giraud, directeur territorial délégué d’Elyse Energy, Christophe Castaner, président du port de Marseille-Fos, Pascal Penicaud et le maire de Fos René Raimondi. ©NBC
NéoCarb comprend deux phases dans le cadre de la montée en puissance de la future plate-forme. Dans un premier temps, le projet prévoit le développement d’une unité de production de e-méthanol à destination du transport maritime à raison de 100 000 tonnes dans une première étape puis 200 000 tonnes à terme.
Dans un second temps, le déploiement d’une unité de conversion de e-méthanol est prévue pour produire 50 000 tonnes e-kérosène pour décarboner le transport aérien. Pour produire ces nouvelles molécules le site consommera jusqu’à 300 000 tonnes de CO2.
Provenant du process de fabrication de ciment de l’usine Lafarge de Saint-Quentin Fallavier, le CO2 descendra le Rhône par barge jusqu’à Fos.
« Le dépôt de permis est prévu fin 2025, la décision finale sera prise mi-2027 pour une mise en service en 2030 », détaille Jérôme Giraud, directeur territorial délégué d’Elyse Energy. « C’est un projet au long cours, la décision finale d’investissement sera prise quand nous aurons le permis, l’arrêté d’exploiter et mené entre 6 et 8 semaines de concertation », souligne Pascal Penicaud.
Le projet est également suspendu au bouclage du financement. « Sur un milliard d’euros de projet nous apportons 300 M€ de fonds propres avec le soutien de Mirova Europe Investissement (Groupe BPCE et HY24) et 700 M€ de recours au crédit bancaire », explique Pascal Penicaud, à la tête d’une équipe de 70 salariés. Le président du port de Marseille-Fos, Christophe Castaner, parle de projet majeur qui positionne Fos comme un hub d’énergie propre.
Pascal Penicaud, président d’Elyse Energy. ©NBC
Plusieurs projets sont menés de front en France et en Europe par Elyse Energy. Le plus avancé est celui en cours de développement sur la plate-forme industrielle Les Roches Roussillon, à Salaise sur Sanne en Isère, le projet eM-Rhône vise à produire 150 000 tonnes de méthanol de synthèse destiné aux armateurs et industriels de la chimie.
eM-Rhône a été lauréat du Fonds européen pour l’innovation, un des outils du pacte vert pour l‘Europe. Sur le bassin industriel de Lacq, un autre projet de production de biocarburants (e-biokérosène) baptisé « E-CHO » a été soumis à la concertation préalable. Sur la péninsule ibérique, Elyse Energy porte le projet eM-Iberica portant sur de la production d’un million de tonnes d’e-méthanol.