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Denys Bédarride
Aujourd'hui Dernière mise à jour le Saturday, December 27, 2025 At 8:23 AM

Les élections municipales à Bordeaux, prévues les 15 et 22 mars 2026, s'annoncent comme un scrutin décisif pour la capitale girondine. Après la victoire surprise de l'écologiste Pierre Hurmic en 2020, qui a mis fin à plus de 70 ans de domination de la droite, la ville est à nouveau au cœur d'une bataille politique intense. À trois mois du premier tour, les enjeux se cristallisent autour de thèmes majeurs comme la transition écologique, la sécurité, les mobilités, le logement, l'attractivité économique et la propreté, dans un contexte de division à gauche comme à droite.

Le bilan de Pierre Hurmic : une écologie pragmatique, mais contestée

Pierre Hurmic, maire sortant d’Europe Écologie Les Verts (EELV), n’a pas encore officiellement annoncé sa candidature pour un second mandat, mais il est déjà en campagne. Son bilan met l’accent sur une “écologie à la bordelaise” : baisse de 35 % de la pollution au dioxyde d’azote en centre-ville, plantation de 57 000 nouveaux arbres, gain de 90 hectares d’espaces piétons, et investissements dans l’énergie solaire (25 000 m² de panneaux installés en 2025). La ville a obtenu le label “Territoire engagé dans la transition écologique” avec la note maximale de 5 étoiles.

Cependant, ce bilan est critiqué. L’opposition de droite dénonce une “décroissance” et un repli économique, avec une perte d’attractivité (moins de grandes manifestations internationales). Sur la sécurité, Hurmic a renforcé la police municipale (recrutements massifs, armement d’une brigade, vidéosurveillance), mais les opposants estiment que c’est “trop peu, trop tard ». 

Des incidents comme des attaques au couteau et une recrudescence de la délinquance alimentent le débat. À gauche, certains reprochent une rupture avec les engagements initiaux, jugés trop “angélique” au départ.

Des sondages récents (OpinionWay, novembre 2025) placent Hurmic en tête au premier tour avec environ 34 % des intentions de vote, mais avec une marge étroite.

Une droite et un centre divisés, en quête d’union

À droite et au centre, le rassemblement patine malgré les appels répétés. Thomas Cazenave (Renaissance, ancien ministre, député) et Nathalie Delattre (Parti radical, ancienne ministre du Tourisme, héritière de l’ère Juppé) se disputent le leadership. Des sondages internes montrent Cazenave légèrement devant dans un duel pour une liste commune, mais les négociations traînent, avec des accusations de “trahison”. Cazenave a déjà rallié plusieurs figures, comme Alexandra Siarri et Pierre de Gaëtan Njikam.

D’autres candidatures indépendantes ou citoyennes émergent, comme celle de l’économiste Philippe Dessertine (crédité de 11-14 % dans certains sondages), qui rejette les étiquettes partisanes et met l’accent sur l’optimisme économique, ou Mickaël Baubonne (pro-métro), récemment rallié à Delattre.

Les extrêmes en embuscade

À l’extrême droite, le Rassemblement national (RN) investit Julie Rechagneux, jeune députée européenne, qui axe sa campagne sur l’insécurité (notamment dans le quartier Saint-Michel). Reconquête présente Virginie Bonthoux Tournay.

À la gauche radicale, La France insoumise (LFI) part seule avec Nordine Raymond (et Lucie Hémond comme binôme), critiquant l’alliance EELV-PS-PCF pour son manque d’ambition sociale. Des vagues de cyberharcèlement raciste ont visé certains candidats, illustrant un climat tendu.

Les grands enjeux pour Bordeaux

Transition écologique et mobilités : Continuer la végétalisation et la réduction de la voiture, ou relancer de grands projets comme un métro ? La circulation et le stationnement restent des points de friction.

Sécurité et propreté : Thème récurrent, avec des critiques sur la délinquance et l’entretien des espaces publics.

Logement et attractivité : Crise du logement, endettement de la ville, et maintien de l’attractivité économique (vin, tourisme, innovation).

Social et jeunesse : Solidarités, éducation, et inclusion dans les quartiers populaires.

Ces municipales ne concernent pas seulement Bordeaux, mais aussi Bordeaux Métropole, où un basculement pourrait redessiner les équilibres régionaux. Dans un contexte national chaotique, Bordeaux incarne un laboratoire des tensions entre écologie, sécurité et croissance. Le scrutin de mars 2026 promet d’être serré, avec un risque de triangulation si la division persiste.