Baisse du nombre d’exploitations, vieillissement des exploitants, manque de salariés agricoles... Pourtant si vitale pour l’économie du pays, l’agriculture en France est en pleine transition démographique et sociale. Des exploitants qui traversent parfois des difficultés économiques et sociales. En 2016, date des dernières estimations clairement chiffrées, 529 agriculteurs ont mis fin à leurs jours. Un métier qui n’attire pas toujours les nouvelles générations et qui manque cruellement de nouveaux arrivants dans le métier. Afin de sauvegarder les exploitations agricoles sur son territoire, vitales pour l’économie locale, la communauté de communes Causses et Vallée de la Dordogne (Cauvaldor), en association avec la Chambre d’agriculture du Lot et le Crédit Agricole Nord-Midi-Pyrénées, a mis en place le dispositif TAE (Territoire agricole engagé) qui accompagne les agriculteurs dans leur transmission d’une exploitation. Reportage vidéo en immersion.
Alors que le nombre d’exploitations agricoles en France ne cesse de baisser, 390 000 en 2020, soit une perte d’environ 100 000 fermes par rapport à 2010 (‑20 %), le territoire de Cauvaldor n’est pas épargné.
Une baisse du nombre d’exploitations qui s’explique en partie par un vieillissement des exploitants agricoles partout en France : Environ 43 % des exploitants ont plus de 55 ans, ce qui suggère une forte pression de partages ou transmissions dans les dix années à venir.
Un problème démographique qu’observe également le territoire de la communauté de communes Causses et Vallée de la Dordogne (Cauvaldor), situé dans le nord du Lot, comme l’explique Pierre Henry Mons, chef du pôle « Entreprise et territoire » de la Chambre d’agriculture du Lot : « C’est un phénomène démographique que l’on observe partout en France et sur Cauvaldor en particulier, avec une génération de chefs d’exploitation qui partent à la retraite dans les 5 à 10 années qui viennent. »
Concrètement, près d’un demi-millier d’exploitations agricoles pourraient être en péril d’ici quelques années. « C’est un millier d’exploitations agricoles sur Cauvaldor. Dans ce nombre, vous allez en avoir 400 à peu près qui vont être en situation de reprise dans les années qui viennent. Donc, c’est un challenge très important. Il faut trouver 400 ou 500 repreneurs sous différents formats. » continue, Pierre Henry Mons.
Afin d’enrayer ce phénomène démographique, à l’image du dispositif Rev’lot qui accompagne les commerçants dans la reprise d’une boutique, Cauvaldor a lancé récemment le dispositif TAE (Territoire Agricole Engagé).
Un dispositif qui aide à la transmission des exploitations agricoles : « Le TAE, c’est une forme innovante, à travers aujourd’hui les plateformes qu’on utilise pour aller rechercher des futurs agriculteurs en dehors du département, alors qu’on est en crise sur le territoire pour renouveler nos exploitations », dévoile Michel Alibert, Vice-président de la caisse régionale du Crédit Agricole Nord-Midi-Pyrénées.
Le Crédit Agricole Nord-Midi-Pyrénées est également partenaire de ce dispositif avec un seul but : dynamiser l’agriculture, secteur clé pour l’économie de Cauvaldor : « L’agriculture est essentielle sur le territoire. On est là, au Crédit agricole, pour accompagner toutes les entreprises du territoire. Mais s’il n’y a pas d’agriculture, ça va être compliqué d’avoir des métiers autour. On accompagne tout le territoire à travers l’agriculture », poursuit Michel Alibert.
Une agriculture économiquement viable grâce notamment à ses nombreux labels.
Afin de convaincre de nouveaux arrivants sur le territoire, Cauvaldor peut compter sur son agriculture forte, diversifiée et qui possède de nombreux labels : « On retrouve beaucoup d’ovins sur le territoire. Il y a la vallée avec la production de noix, des pommes, c’est une agriculture très diversifiée, beaucoup basée sur l’élevage. » décrit Jean-Claude Fouché, président de Cauvaldor et Cauvaldor Expansion.
Une agriculture diversifiée qui se porte également bien économiquement : « Aujourd’hui, on a des entreprises qui sont très bien développées, mais on est à un tournant pour le renouvellement de ces générations. Et beaucoup de nos exploitations sont en très bonne santé financière mais demandent de renouveler les associés. » continue-t-il.
Des exploitations saines financièrement qui peuvent compter sur la force des labels présents sur le territoire : « On a un grand nombre de productions qui sont sous signe officiel de qualité. On a l’AOP Rocamadour ou encore l’agneau fermier du Quercy. On a également la trufficulture qui se développe maintenant. Toutes ces productions sous signes officiels, permet d’avoir une bonne valorisation des produits. Et aujourd’hui, ça nous assure une sécurité économique. » convient Quentin Rayjal, exploitant agricole.
Une transmission d’exploitation en pleine évolution
Avec une charge de travail souvent très importante, le métier d’agriculteur n’attire plus vraiment les jeunes générations. En France, le nombre de chefs d’exploitation baisse d’environ 1,5 à 2 % par an. La transmission d’exploitation ne se fait pas et inéluctablement le nombre d’exploitations diminue.
Afin d’attirer de nouveaux exploitants, l’agriculture a dû se transformer. D’autres formes d’agriculture se développent afin de ne plus être seul à gérer une exploitation : « L’agriculture évolue vers des formes collectives. Déjà, au niveau des exploitations, il est vrai que les formes sociétaires, en GAEC ou en SEA, se généralisent et c’est naturel. Un agriculteur, quand il est seul sur son exploitation, il en a toute la contrainte, toute la charge de travail durant la semaine, durant les week-ends, durant les vacances, lorsqu’il est possible d’en prendre. » explique Dominique Malavergne, Vice-président de Cauvaldor en charge de la transition écologique et du développement durable.
Roxanne Mouilhayrat et Michel Delmas ont décidé, depuis avril 2021, de s’associer sous la forme de GAEC (Groupement Agricole d’Exploitation en Commun). Une autre façon d’envisager l’agriculture qui leur permet de gérer leur exploitation à deux.
Si la charge de travail reste toujours importante, la vie d’une exploitation à deux se simplifie et les week ends existent enfin pour Michel Delmas, 59 ans. « Ce que m’a apporté la venue de Roxanne, c’est aussi le fait de dégager du temps. Depuis 2021, je découvre ce que c’est un week-end. » se réjouit-il.
Cette association a également permis à Michel Delmas, de pouvoir gérer l’exploitation à deux et non plus tout seul : « Partager avec quelqu’un, en ce qui me concerne, c’est réconfortant, rassurant et reposant. » s’enthousiasme-t-il.
Pour Roxanne, la trentaine, s’associer avec Michel Delmas lui a permis de développer son activité tout en s’assurant une sécurité : « L’envie que j’avais, c’était de développer un atelier de vente directe. Et Michel, lui, comme il est très ouvert, il m’a dit “oui”. C’est cette liberté de pouvoir faire un peu les choses comme je l’entendais ,toujours en étant accompagné et avec un petit filet de sécurité qui m’a séduite. » précise-t-elle.
De nouvelles manières, plus rentables, de vendre leurs produits pour les agriculteurs
Afin de mieux valoriser leurs produits et de pouvoir vivre décemment de leur activité, les agriculteurs installés sur le territoire de Cauvaldor peuvent également compter sur la présence de magasins de producteurs qui leur assurent un prix plus juste pour leur production, en diminuant les intermédiaires et en augmentant leur revenu sur les produits qu’ils vendent.
Ici et là, comme Roxanne et Michel, des agriculteurs proposent également de la vente directe afin de toujours mieux valoriser leurs produits. Les agriculteurs peuvent également compter sur l’attrait touristique de Cauvaldor avec 3,3 millions de nuitées enregistrées en 2023.
L’agriculture de Cauvaldor, comme partout en France, fait face à un phénomène démographique et à des difficultés pour transmettre les exploitations agricoles. Fondamentale pour l’économie du territoire, Cauvaldor a décidé, en partenariat avec la Chambre d’agriculture du Lot et le Crédit Agricole Nord-Midi-Pyrénées, de mettre en place le dispositif TAE afin d’accompagner la transmission des exploitations agricoles.
D’ici les prochaines années, près d’un demi-millier d’exploitations devront trouver un repreneur sur le territoire. Fort de son agriculture forte et diversifiée, de nombreux labels et de l’implantation de magasins de producteurs, le territoire entend bien enrayer la situation démographique et attirer de nouveaux agriculteurs sur son territoire.