Technologie révolutionnaire dans la pratique chirurgicale, le robot offre davantage de minutie et de vitesse d’opération. Mais c’est aussi et surtout une garantie de réduire les risques et les traumatismes pour les personnes opérées en chirurgie viscérale, urologie ou encore ORL. Reportage exclusif à la Clinique Beau Soleil - Institut Mutualiste Montpelliérain.
Plus de précision pour le chirurgien, moins de temps d’opération pour le patient. Technique chirurgicale dite « mini-invasive », la chirurgie robotique permet d’éviter d’avoir à faire de grandes incisions sur le patient, notamment au niveau de la paroi abdominale lorsqu’il s’agit de chirurgie viscérale. Le robot peut alors jouer un rôle déterminant dans les opérations du côlon, du rectum, de l’estomac et du pancréas.
« Dans cette clinique, nous avons la chance de pouvoir opérer à deux, explique Dr Éric JACQUET, chirurgien digestif à la Clinique Beau Soleil – Institut Mutualiste Montpelliérain du groupe AÉSIO Santé. Cela nous a permis de développer très rapidement des techniques qui pourraient paraître très compliquées. »
« Effectivement lorsque nous sommes deux chirurgiens à opérer, nous prenons moins de risques pour le patient et on peut se permettre de faire des opérations plus complexes, complète le Dr Pierre PUCHE, également chirurgien digestif à la Clinique Beau Soleil. Cela nous a permis d’avoir une expertise plus rapide sur cette nouvelle technologie. »
En urologie aussi la chirurgie robotique est indiquée, sur les cancers du rein, de la vessie et de la prostate. « Le gros de l’activité robotique, c’est la prise en charge du cancer localisé de la prostate », indique le Dr Grégoire POINAS, chirurgien urologue.
Même logique dite « mini-invasive » pour les interventions en gynécologie comme le confirme le Dr Arnaud CORNILLE, Chirurgien gynécologue : « La chirurgie robotique permet une meilleure visibilité des structures anatomiques donc une meilleure dissection et, bien souvent comme dans l’endométriose, une meilleure préservation des structures nerveuses, ce qui permet de préserver la fonction des organes adjacents. »
Preuve en est cette utilisation du robot par le docteur Cornille : « La dernière intervention réalisée était celle d’un cancer de l’endomètre, de l’utérus, où on a pu proposer aux patientes une technique beaucoup moins invasive que les curages classiques pour aller étudier la dissémination des cellules tumorales. Cette technique c’est celle du “ganglion sentinelle” où on va prélever uniquement le premier relai ganglionnaire ce qui permet de traiter les patientes aussi bien qu’avant avec une chirurgie beaucoup moins lourde. »
De leurs côtés, les chirurgiens ORL – opérant sur les oreilles, le nez et la gorge – utilisent le robot pour les chirurgies de la base de la langue et de l’oropharynx, autrement dit des amygdales. « Avant l’arrivée du robot, on était obligé d’ouvrir le cou avec des techniques spécifiques arrivées sur le tard, se rappelle le Dr Vincent TREVILLOT, lui-même chirurgien ORL. Aujourd’hui on n’a plus besoin de faire ça. On passe par les voies naturelles, c’est-à-dire qu’on fait simplement ouvrir la bouche au patient avec des instruments pour que cela reste stable. »
Meilleure prise en main, meilleure prise en charge
Pour autant le robot n’opère pas à la place du chirurgien. C’est bien le praticien qui manipule les bras du robot reproduisant les degrés de liberté de la main et offrant même davantage de possibilités. « Comme la base de la langue, sur un patient allongé, est située sur la partie haute, c’est une chirurgie que l’on ne peut pas faire en vision directe, déplore Vincent TREVILLOT. Il faut donc absolument avoir une optique qui nous montre la partie vers le haut et le robot est unique en ce sens. »
« La chirurgie robotique permet d’avoir moins de douleurs post-opératoires et une précision plus importante du geste, assure Éric JACQUET, notamment en ce qui concerne la chirurgie rectale pour la préservation des nerfs et la chirurgie pancréatique pour la préservation des vaisseaux au contact de cet organe. »
Les deux principaux intérêts du robot résident donc, pour le chirurgien, dans la précision accrue et, pour le patient, dans l’incidence réduite : moins de douleurs opératoires, moins de traumatismes des parois, moins d’ouvertures, moins d’infections, moins de transfusions… Qui plus est, les patients restent souvent moins longtemps hospitalisés.
Mais avant de l’avoir bien en mains, le robot requiert un long apprentissage. « Je fais du robot depuis 2012, raconte Grégoire POINAS. À l’époque on avait des niveaux à passer pour être certifiés par le fabricant du robot, un peu comme les aviateurs et les pilotes. Je pense qu’il faut au moins quatre à cinq ans d’expérience avant d’être complètement autonomes sur la chirurgie robotique. »
Par ailleurs, cette nouvelle technologie nécessite un surcoût non négligeable et non remboursé par la sécurité sociale. Mais la direction de l’Institut Mutualiste Montpelliérain a demandé à ce que ce surcoût ne soit à la charge ni du praticien ni du patient. Autrement dit, il n’y a aucun reste à charge pour le patient et les chirurgiens ne pratiquent aucun dépassement d’honoraire pour rentabiliser ce surcoût.
De la 3D à la quatrième génération
Le robot actuel présente une avancée mais aussi des perspectives d’amélioration pour aller plus loin dans la précision et l’efficience. « Mais même la chirurgie robotique reste compliquée, puisque l’on n’a pas de retour de force, rappelle Vincent TREVILLOT. Pour enlever une tumeur, il y a bien sûr la vision qui nous aide – elle est magnifiée grâce à l’utilisation du robot et de l’optique en vision 3D -, en revanche on perd un sens qui est le toucher. Cela nous gêne un peu pour la résection. »
« Nous utilisons actuellement un robot de troisième génération, précise Éric JACQUET. Mais nous allons recevoir très prochainement un robot de quatrième génération qui va encore nous permettre d’apporter de nouvelles technologies dans la prise en charge de nos patients. » Et ainsi de s’approcher d’une capacité d’intervention où les cinq sens seront mobilisés.