Alpes-Maritimes : Le Moulin d’Opio rouvre et devient un atout stratégique pour le territoire et la filière oléicole 

Ancré dans l’histoire locale depuis le XVe siècle, transmis par la famille Michel depuis 1848, le Moulin d’Opio est l’un des plus anciens moulins encore en activité sur le territoire. Son rachat en septembre 2024 pour 3,8 M€ par la CASA, avec le soutien du Département des Alpes-Maritimes, a permis d’éviter la disparition d’un patrimoine majeur tout en relançant une filière oléicole fragilisée par le vieillissement des vergers, la pression foncière, la concurrence internationale et les défis climatiques.

Dès octobre 2024, le moulin a rouvert pour la trituration : un signal fort. 450 tonnes d’olives y ont été apportées par 2 500 producteurs en deux mois et demi, confirmant l’attachement du territoire à une production locale, vertueuse et AOP.

Pour Jean Leonetti, Président de la CASA, cette acquisition relève autant du patrimoine que de la stratégie économique : « Laisser partir un tel site aurait été une faute. L’olivier est un marqueur d’identité, mais aussi un levier de résilience dans un monde instable. Cet investissement est vertueux : la redevance couvrira intégralement l’achat sur vingt ans. »

Dans une région où la consommation locale ne représente que 5 % de l’huile produite, la montée en puissance d’un outil structurant comme le Moulin d’Opio répond à un enjeu de souveraineté alimentaire et de reconquête agricole.

En juillet 2025, la CASA a confié la gestion du site au groupement SCIC Les Ferrages – NEEDE Méditerranée via un bail de 20 ans. Une gouvernance hybride, mêlant coopérative agricole, expertise scientifique, citoyens et acteurs économiques.

Le projet repose sur trois piliers complémentaires. Le premier concerne la production et la modernisation, avec une trituration orientée bio et AOP Nice, la mise à niveau progressive des équipements, une montée en puissance à la fois qualitative et quantitative, ainsi que le développement de la vente directe et des circuits courts. 

Le deuxième pilier touche à la diversification économique : le site accueillera une plateforme logistique dédiée à la restauration collective durable, proposera des formations professionnelles et mettra à disposition des espaces mutualisés pour les acteurs agricoles et de l’économie sociale et solidaire. 

Enfin, le troisième pilier porte sur le tourisme et la culture, avec la création d’une boutique-musée immersive attendue pour 2026–2027, l’organisation d’animations pédagogiques et la mise en place d’un parcours de médiation consacré à l’olivier et à son histoire.

Pour Cyprien Fontvielle, directeur de l’association NEEDE Méditerranée, le Moulin dépasse largement le périmètre local : « L’olivier est un patrimoine partagé par tout le bassin méditerranéen. Avec le changement climatique, nous devons réfléchir ensemble. Opio peut devenir un centre névralgique pour imaginer l’oléiculture du futur. »

Pour Thierry Occelli, Maire d’Opio, l’enjeu est autant patrimonial que territorial : « Ce moulin est un lieu vivant, un symbole émotionnel. Les paysages que nous aimons aujourd’hui sont l’œuvre de générations d’oléiculteurs. Nous allons accompagner ce renouveau qui donne du sens et de l’identité au territoire. »

Le site contribuera au tourisme agricole, à la valorisation paysagère et à l’attractivité résidentielle, dans une logique de développement local cohérente avec l’histoire du village.

Alors que la Méditerranée traverse une phase de tension sur la production d’huile d’olive — sécheresses, maladies, fluctuations des récoltes en Espagne, Italie ou Tunisie — le retour en force d’un acteur local structurant apparaît crucial.

Jean Philippe Alfonsi, Président de la coopérative SCIC Les Ferrages, résume l’enjeu : « Avec tous les oliviers que nous avons, nous pouvons produire davantage et consommer plus local. Opio doit être un moteur pour reconnecter production et territoire. »

Soutenu par un écosystème scientifique et académique (INRAE, INRIA, Universités, SKEMA, Institut de l’Olivier de Sfax…), le Moulin d’Opio se positionne comme un lieu d’innovation, d’adaptation des essences, de formation et de recherche appliquée.

Un atout stratégique pour une filière qui doit se réinventer face aux défis climatiques et économiques.

La renaissance du Moulin d’Opio illustre un choix politique assumé : miser sur un actif rare, à forte valeur ajoutée économique, culturelle et environnementale.

Un “or vert” remis au cœur de la stratégie territoriale et un héritage transmis aux générations futures.