En Provence-Alpes-Côte d’Azur, les heures travaillées augmentent de 2,9 % au premier trimestre 2023 par rapport au même trimestre de 2022, mais l’activité économique globale ralentit progressivement au cours de ce trimestre. Les activités touristiques continuent de progresser tout comme les services ou l’industrie, mais la construction reste en difficulté : les emplois sont en baisse, alors que les permis de construire et les mises en chantier diminuent encore ce trimestre. Le taux de chômage se maintient néanmoins à un niveau historiquement bas. En parallèle, les défaillances d’entreprises, toujours en hausse, se rapprochent de leur niveau d’avant-crise et les créations accusent une forte baisse.
L’activité est en hausse sur un an, mais ralentit depuis janvier
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, au premier trimestre 2023, l’activité mesurée par les heures rémunérées est en hausse par rapport au premier trimestre 2022 (+2,9 % sur un an, après +2,1 % au trimestre précédent). Elle est portée par le dynamisme de l’hébergement-restauration (+7,7 %) et des services principalement non marchands (+4,3 %). Les autres services marchands connaissent une hausse mesurée (+2,6 %), tout comme l’industrie (+1,9 %). Le secteur de la construction est toujours à la peine (+0,2 %).
L’analyse mois par mois révèle que les heures rémunérées atteignent un pic en janvier 2023 (+4,3 % par rapport à janvier 2022), l’activité ayant été encore marquée en janvier 2022 par l’épidémie de Covid. Elles baissent ensuite progressivement. Cette baisse ne se dément pas en mai 2023, où les heures rémunérées ne sont plus en hausse que de 1,3 % sur un an.
La tendance est similaire en France (hors Mayotte), avec une hausse des heures rémunérées sur un an de 2,9 % par rapport au premier trimestre 2022. Les heures rémunérées connaissent également un pic en janvier 2023 avant de décroître.
Le volume d’heures rémunérées au premier trimestre 2023 est supérieur à son niveau d’avant-crise sanitaire pour l’ensemble des départements de la région (+4,1 %). Sur un an, l’activité a davantage repris dans les Alpes-de-Haute-Provence (+3,4 %) et les Alpes-Maritimes (+3,8 %) que dans les Hautes-Alpes (+1,6 %) ou le Vaucluse (+1,7 %). Les Bouches-du-Rhône et le Var sont proches de la moyenne régionale.
L’industrie tirée par la fabrication de matériels de transports
L’activité industrielle mesurée par les heures rémunérées est en hausse au premier trimestre 2023 sur un an en France (hors Mayotte, +2,1 %), poussée par le rebond de la production industrielle. Ce rebond est soutenu par une offre moins contrainte par les coûts de production. Ces derniers diminuent du fait d’une baisse des prix des matières premières industrielles.
Toutefois, le climat des affaires dans l’industrie, mesuré par les enquêtes de conjoncture, marque le pas depuis plusieurs mois au niveau national. Si le contexte inflationniste et les conséquences qui en découlent, notamment la hausse des coûts de production, ne pèsent plus autant sur les perspectives d’activité dans le secteur, des inquiétudes sur la demande et la capacité à conserver des carnets de commandes pleins semblent poindre.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, le niveau des heures rémunérées dans l’industrie est en hausse au premier trimestre sur douze mois (+1,9 % contre +2,1 % en France) et continue à dépasser celui observé avant la crise sanitaire (+2,2 %).
Parmi les sous-secteurs industriels, la fabrication de matériels de transport est particulièrement dynamique au premier trimestre 2023 (+5,1 % par rapport au premier trimestre 2022), alors que la fabrication d’équipements électriques, électroniques, informatiques, fabrication de machines (+3,4 %) et les industries extractives, énergie, eau, gestion des déchets et dépollution (+2,3 %) restent bien orientées. L’industrie agro-alimentaire marque le pas (+1,2 % sur un an), tout comme la cokéfaction-raffinage (+0,7 %).
Une fréquentation touristique dynamique, portée par les Alpes-Maritimes
Au premier trimestre 2023, l’activité dans l’hébergement-restauration demeure bien orientée avec 7,6 % d’heures rémunérées en plus par rapport à un an plus tôt.
La fréquentation des hôtels de la région est plus élevée qu’à la même période en 2022 (+12,7 %), un dynamisme qui est encore plus marqué au niveau national (+19,2 %). Cette tendance est portée par la clientèle ne résidant pas en France : après deux années de crise sanitaire, les touristes provenant de l’étranger reviennent de façon notable (+54,6 % sur un an, +55,9 % au niveau national).
Le retour de la clientèle en provenance de l’étranger est particulièrement marqué dans les Alpes-Maritimes (+65,3 %) qui dépendent habituellement davantage de ces touristes, et dans les Hautes-Alpes (+51,7 %). Au total, c’est dans les Alpes-Maritimes que la fréquentation connaît la hausse la plus forte (+24,4 %). Elle diminue dans le Var (-3,7 %), du fait d’une forte baisse des touristes français, et est positive dans les autres départements. Les premières données régionales disponibles pour le mois d’avril nous donnent une tendance dans la continuité de celle du premier trimestre.
Des perspectives maussades dans la construction
Dans la construction, l’activité mesurée par les heures rémunérées en Provence-Alpes-Côte d’Azur est quasiment au même niveau qu’un an plus tôt (+0,2 %), comme au niveau national (+0,1 %).
Dans la région, le nombre de mises en chantier sur douze mois se replie nettement (-12 % sur un an). Au niveau national, la tendance est similaire sur un an avec une baisse de 9 %. Cette baisse est plus prononcée dans le Var (-21 %) et le Vaucluse (-19 %), alors que les Alpes-Maritimes résistent mieux (-4 %).
Parallèlement, le nombre de permis de construire délivrés diminue encore (-2 % sur douze mois par rapport au premier trimestre 2022) et demeure en dessous de son niveau du quatrième trimestre 2019. Seules les Alpes-Maritimes tirent leur épingle du jeu, avec un nombre d’autorisations en hausse de plus de 20 % sur douze mois ; la baisse est relativement contenue dans le Var (-4 %), le Vaucluse (-5 %) et les Bouches-du-Rhône (-6 %), et plus forte dans les Hautes-Alpes (-14 %) et les Alpes-de-Haute-Provence (-18 %).
Au niveau national, qui avait mieux résisté que Provence-Alpes-Côte d’Azur ces dernières années, la baisse des permis sur douze mois est franche (-9 % ce trimestre et -11 % sur un an), dans la continuité de ce que l’on constate depuis mi-2022.
Au niveau national, les coûts de production se stabilisent ce trimestre. Toutefois, les conditions d’accès aux crédits immobiliers deviennent plus restrictives pour les ménages : le redressement des taux directeurs observé depuis plusieurs mois pourrait pénaliser les ventes de logements et, in fine , les mises en chantier. De premiers effets sont déjà visibles, en particulier une légère baisse des prix des logements neufs de 0,2 % au dernier trimestre 2022 comme au premier trimestre 2023, et une baisse nette du nombre de transactions dans l’ancien.
En parallèle, le climat des affaires au niveau national dans le bâtiment s’assombrit, avec des entrepreneurs du secteur qui estiment que la demande pourrait se dégrader dans les mois à venir, et qui prévoient de fortes baisses de prix.
L’emploi salarié accélère légèrement
Au premier trimestre 2023, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’emploi salarié accélère légèrement par rapport au trimestre précédent (+0,5 %, après +0,3 % au quatrième trimestre 2022). La région compte au total 2 013 000 emplois salariés (+9 500 emplois sur un trimestre). Au total, l’emploi est supérieur de 1,4 % à son niveau d’il y a un an.
L’emploi privé est le moteur de cette accélération (+0,6 % après +0,3 % au trimestre précédent). L’emploi public stagne (+0,1 %), et reste en légère baisse sur un an (-0,3 %). En France (hors Mayotte), l’évolution de l’emploi salarié total est légèrement inférieure à celle de la région sur ce trimestre (+0,3 %), et comparable sur un an (+1,3 %).
La hausse de l’emploi concerne tous les départements, à l’exception des Hautes-Alpes (-0,5 %), qui avaient toutefois connu la hausse la plus dynamique au trimestre précédent, en amont de la saison hivernale. Les Alpes-Maritimes, les Bouches-du-Rhône et le Var sont proches de la moyenne régionale, le Vaucluse étant plus à la peine sur le trimestre (+0,2 %).
Le chômage stagne à un niveau historiquement bas
Le taux de chômage est stable ce trimestre. En recul de 0,3 point sur un an, il s’établit à 8,0 % de la population active, toujours le plus faible taux mesuré depuis trente ans avec la méthode de mesure actuelle. En France (hors Mayotte), il est également stable ce trimestre et s’élève à 7,1 %.
Il stagne dans tous les départements de la région. C’est dans la zone d’emploi de Briançon qu’il augmente le plus fortement (+0,3 point), mais il s’agit de la zone d’emploi présentant le plus faible taux de chômage régional (5,6 % de la population active).
Le nombre de demandeurs d’emploi se stabilise
Pour l’ensemble des catégories A, B et C, le nombre de demandeurs d’emploi en fin de mois (DEFM) en Provence-Alpes-Côte d’Azur baisse ce trimestre (-0,4 % par rapport au trimestre précédent, -2,4 % sur un an).
Il s’établit à 449 800 inscrits. Après une baisse sensible entre la mi-2021 et la mi-2022, le nombre de DEFM diminue désormais plus faiblement.
En France métropolitaine également, la tendance à une baisse modérée se poursuit, avec -0,4 % ce trimestre (-3,0 % sur un an).
Avec 261 400 inscrits dans la région, le nombre de demandeurs d’emploi dans la catégorie A (aucune heure travaillée au cours du mois) baisse de 1,1 % ce trimestre (-5,4 % sur un an), comme au niveau national (-1,2 % par rapport au troisième trimestre, -5,9 % sur un an).
Le nombre d’inscrits en catégories B et C (personnes ayant eu une activité au cours du mois) est à l’inverse en hausse.
Pour l’ensemble des catégories A, B et C, le nombre de demandeurs d’emploi de longue durée (DELD) diminue au premier trimestre 2023 en Provence-Alpes-Côte d’Azur (-2,1 % par rapport au trimestre précédent), au même rythme qu’en France hors Mayotte (-2,3 %).
Les défaillances toujours en hausse, les créations à la peine
Le nombre de créations d’entreprises accuse une forte baisse au premier trimestre 2023 en Provence-Alpes-Côte d’Azur (-7,2 % par rapport au trimestre précédent, soit 26 500 entreprises créées, figure 10). Par rapport à un an plus tôt, la baisse est également notable (-3,6 %). Cette dynamique est légèrement plus marquée qu’au niveau national (-5,0 % sur un trimestre, -1,2 % sur un an).
Tous les types d’immatriculations reculent : les micro-entrepreneurs sont en baisse de 6,7 % dans la région (contre -3,8 % au niveau national) ; pour les autres types d’entreprises, la dynamique est encore moins favorable (-8,3 % contre -6,9 % au niveau national).
Par ailleurs, sur les douze derniers mois (avril 2022-mars 2023), 4 800 entreprises ont déposé le bilan en Provence-Alpes-Côte d’Azur. C’est presque 40 % de plus qu’il y a un an. La progression des défaillances est encore plus marquée en France (+51 % sur un an).
Malgré cette hausse observée des défaillances d’entreprises dans la région sur un an, leur nombre reste à un niveau inférieur à celui d’avant-crise (-9 % par rapport à fin 2019), mais en forte hausse par rapport au point bas de fin décembre 2021 (+52 %). L’arrêt progressif des mesures de soutien rend les entreprises financièrement plus sensibles à la conjoncture économique, ce qui peut expliquer ce rattrapage des défaillances. Les mesures de soutien pendant la crise sanitaire avaient permis à des entreprises de conserver une activité, alors qu’elles auraient été défaillantes sinon.
Tous les départements suivent cette tendance à la hausse. Les Bouches-du-Rhône et les Alpes-Maritimes connaissent une progression plus contenue des défaillances sur un an (+33 % environ), alors que la hausse est plus marquée en Vaucluse (+56 %) et dans les Alpes-de Haute-Provence (+60 %).
Source : INSEE PACA
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