Les résultats de 2023 du Baromètre national des entreprises, mené par le CNGTC (Conseil National des Greffiers des Tribunaux de Commerce) et Xerfi Spécific (département des études et prestations sur-mesure), mettent en lumière la situation préoccupante de l’entrepreneuriat en France.
Bien que la diminution des radiations indique des entreprises plus résilientes, une augmentation significative des procédures collectives et une baisse de la création d’entreprises, mettent elles en évidence l’instabilité des entreprises face à des crises aux multiples facteurs.
Une multiplication des procédures collectives (+ 34,9 %)
Après une année 2022 difficile, le baromètre du CNGTC atteste de la situation préoccupante des entreprises françaises en 2023.
Le remboursement des PGE (prêts garantis par l’État), qui ont longtemps soutenu l’économie française pendant la pandémie, semble avoir un impact sur l’état de santé du tissu entrepreneurial français. Confrontés à des crises à la fois structurelles et conjoncturelles, les entrepreneurs se trouvent dans un environnement défavorable, qui se manifeste en particulier par une augmentation notable des défaillances d’entreprises.
En effet, le nombre de procédures collectives enregistrées (mesures judiciaires destinées aux entreprises en difficulté financière) a ainsi augmenté de 34,9 % par rapport à 2022. Plus de 50 000 entreprises ont été concernées en 2023. Parmi les secteurs les plus affectés :
- Le secteur de l’hébergement et de la restauration (+ 42,8 %) souffre de difficultés de recrutement et d’une saison estivale moins fructueuse que prévu.
- Le secteur de l’information et de la communication (+ 42,4 %) est fortement impacté par l’inflation et une demande fluctuante.
- Enfin, le secteur des activités immobilières (+ 41,3 %) est pénalisé par l’augmentation du prix des matières premières, poussant certaines entreprises à mettre en place des plans sociaux.
Les secteurs du commerce, de la construction et de l’hébergement-restauration, vulnérables face à l’instabilité économique, représentent à eux seuls plus de 60 % des défaillances d’entreprises.
Une baisse de la création d’entreprises (- 5,4 %)
Les données fournies par les greffiers des tribunaux de commerce pour ce Baromètre indiquent une légère baisse de la création d’entreprises (- 5,4 %). Cette tendance s’explique par le ralentissement de nombreux secteurs durant cette période d’instabilité marquée, caractérisée par l’inflation, un contexte géopolitique incertain et une augmentation des taux d’intérêt.
A titre illustratif, la baisse de 25,9 % de la création d’entreprises dans l’immobilier reflète les difficultés rencontrées par ce secteur face à l’augmentation du prix des matières premières et à la contraction de la demande, qui encourage peu les entrepreneurs.
Une diminution des radiations (- 17,9 %)
La tendance s’inverse. Alors que l’édition 2022 du Baromètre montrait un nombre élevé de radiations (entreprises n’existant plus juridiquement), en 2023, les entreprises cessant définitivement leur activité diminuent de 17,9 %.
Cette baisse qui concerne tous les secteurs économiques semble indiquer que le processus de rétablissement, suite aux années perturbées par le contexte pandémique, est en état d’aboutissement. En effet, 54,9 % de ces radiations sont volontaires, tandis que les radiations d’office (- 27,6 %) ou à la suite d’une procédure collective (- 25,6 %) ont fortement diminué.
La France continue d’être en état de vigilance, en particulier dans les régions d’Outre-mer
Dans presque toutes les régions en 2023, le même scénario s’est confirmé :
- l’augmentation des entreprises en difficulté,
- la diminution des radiations,
- le repli modéré des créations.
Cependant, le Baromètre national des entreprises met en évidence certaines disparités régionales. Par exemple, en 2023, certaines régions comme l’Occitanie (- 9,5 %), la Bretagne (- 9,7 %) et les Pays de la Loire (- 13,1 %) ont connu une baisse significative du nombre d’immatriculations d’entreprises.
En ce qui concerne les procédures collectives, la Corse (+ 47,5 %), l’Île-de-France (+ 37,5 %) et l’Auvergne-Rhône-Alpes (+ 36,5 %) figurent parmi les régions les plus affectées par l’instabilité économique. Cependant, l’état d’alerte est particulièrement prononcé en Outre-mer : les cinq territoires cumulent une augmentation moyenne de 47,1 %, avec notamment une hausse de 60,9 % du nombre de procédures collectives à Mayotte.
Enfin, presque toutes les régions métropolitaines ont connu une baisse générale du nombre de radiations, à l’exception notable de l’Île-de-France (+ 1,3 %).
Un article rédigé par Lucie Millet
Réagissez à cet article