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#Education #Etude #Jeunesse #Orientation #France
redaction
4 mai 2024 Dernière mise à jour le Samedi 4 Mai 2024 à 09:00

Selon une enquête menée par Viavoice auprès de 1000 jeunes français âgés de 15 ans à 16 ans, presque la moitié des jeunes issus de familles CSP- (catégories socioprofessionnelles moins favorisées) sont susceptibles de décrocher lors de l’orientation.

Six associations, l’Afev ; Article 1 ; Chemins d’avenirs ; JobIRL ; Tenzing et 100.000 Entrepreneurs, soutenant chaque année 100 000 étudiants pour lutter contre l’inégalité des chances appellent le gouvernement à co-construire une stratégie nationale de lutte contre les inégalités sociales et territoriales en orientation.

Les jeunes principalement issus de quartiers défavorisés et des régions rurales ont moins d’ambition pour poursuivre des études supérieures et doutent sérieusement de leur capacité à réussir.En effet d’après l’enquête, 60% des jeunes ruraux issus de familles CSP- ne se sentent pas capables d’obtenir une licence, contre 49% des jeunes urbains de familles CSP- et 28% des jeunes urbains de familles CSP+ (catégories socioprofessionnelles les plus favorisées).

L’objectif de ces 6 associations ayant commandé ce sondage est ainsi d’accompagner ces jeunes dans leurs réflexions sur eux-mêmes et leur avenir avec plusieurs objectifs :

  • garantir un accès renforcé à une information claire,
  • faciliter la communication entre le domaine de l’éducation et celui de l’emploi,
  • permettre à chacun de construire pas à pas un parcours qui lui ressemble
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Quand le milieu social et l’origine géographique conditionnent l’avenir des jeunes Français

Lorsqu’on demande aux jeunes quels métiers ils envisagent pour leur avenir, on constate clairement l’influence de leur milieu socio-économique. Les jeunes issus de milieux socio-professionnels plus favorisés (CSP+) mentionnent en premier les professions de médecin ou de professeur. En revanche, les enfants issus de milieux socio-professionnels moins favorisés (CSP-) évoquent plus souvent des métiers liés à l’artisanat, à l’industrie ou au BTP.

A propos du niveau d’études que les jeunes disent se sentir capable d’atteindre, les données de l’enquête révèlent une forte corrélation entre niveau économique du foyer, origine géographique et ambitions :  

72% des jeunes urbains de familles CSP+ se sentent en capacité d’obtenir un diplôme de licence.

• Contre 51% chez les jeunes urbains issus de familles CSP- (21 points d’écart).

• Et seulement 40% chez les jeunes ruraux issus de CSP- (32 points d’écart).  

« Alors que ces jeunes sont assis sur les mêmes bancs de l’école de la République, dont l’une des promesses est l’égalité de traitement et d’apprentissage, on voit bien que les dés sont pipés, dès le départ. Certaines formations, certains métiers sont tout simplement interdits à une large part de nos  jeunes. A fortiori quand les déterminismes sociaux et géographiques s’additionnent. Pour le dire autrement : encore aujourd’hui, en 2023, si vous êtes jeune d’origine modeste dans un territoire rural ou un quartier dit sensible, accéder aux métiers de la tech, devenir journaliste, médecin ou écrivaine vous est trop souvent interdit », note Salomé Berlioux, fondatrice et directrice générale de Chemins d’avenirs

« S’il est entendu qu’il n’existe pas de hiérarchie entre les métiers, avec certains emplois qui seraient plus souhaitables que d’autres, il serait hypocrite d’ignorer qu’il est de plus en plus difficile de trouver un métier lorsque l’on est peu diplômé, et que les niveaux de salaire sont corrélés aux niveaux de diplômes. » complète Benjamin Blavier, cofondateur et président exécutif d’Article 1

L’environnement social et territorial comme principal frein à l’égalité des chances en orientation

L’environnement des jeunes (milieu scolaire et familial) joue un rôle crucial dans leurs aspirations académiques puis professionnelles. En effet, les jeunes scolarisés dans des quartiers en politique de la ville ou dans des territoires ruraux, dont les parents sont travailleurs, ouvriers, sans emploi ou sans diplôme supérieur, font face à des obstacles sociaux et géographiques, limitant leur capacité à envisager une orientation professionnelle réaliste et ambitieuse. L’absence de solutions éducatives adaptées renforce ces inégalités sociales et géographiques.

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De plus d’après le sondage :

  • Seulement 68% des jeunes des établissements scolaires avec les Indices de Position Sociale* (IPS) les plus bas souhaitent poursuivre des études après le baccalauréat (contre 90% pour les enfants des établissements socialement favorisés).
  • Parmi les enfants dont aucun parent n’est diplômé du supérieur, seulement 44% pensent pouvoir obtenir un diplôme de niveau licence, contre 64% chez ceux dont au moins un des parents est diplômé.

Les défis de mobilité sont également cités par les sondés comme un facteur contribuant à leur “décrochage en orientation”. Parmi l’ensemble des jeunes qui ne souhaitent pas déménager pour obtenir un diplôme lié à un projet de métier, la moitié cite le manque de moyens financiers comme un obstacle (57% pour les élèves issus de familles CSP-). Cette situation a des conséquences importantes dans les zones rurales et plus généralement dans les territoires éloignés de l’offre de formation.

Des solutions approuvées par les jeunes favorisant l’ouverture et un accès renforcé à l’information 

En plus de leurs parents, les jeunes se tournent vers trois principales ressources pour réfléchir à leur orientation :

  • 67% d’entre eux citent en premier lieu leurs professeurs ;
  • 52% mentionnent les sites Internet spécialisés, comme celui de l’Onisep ;
  • 50% font référence à leur famille proche.

Cependant, lorsqu’on leur demande ce dont ils auraient besoin pour mieux réfléchir à leur orientation, ces derniers citent dans l’ordre :

  • La possibilité d’échanger avec l’enseignement supérieur et les entreprises (54%) ;
  • La réalisation de stages (46%) ;
  • Une meilleure information sur les formations disponibles (33%).
  • La visite d’universités et d’entreprises (30%). 

Ces associations mettent en avant la nécessité d’une stratégie nationale pour le choix de l’orientation afin de lutter contrele « décrochage en orientation » des jeunes issus de quartiers défavorisés et des régions rurales, influencé par des facteurs sociaux et géographiques.

« L’orientation des jeunes des territoires défavorisés est un enjeu majeur pour l’avenir de notre pays. C’est un enjeu pour l’épanouissement personnel de ces jeunes, la cohésion sociale et pour notre économie qui se prive de nombreux talents », conclut Christelle Meslé-Génin, présidente-fondatrice de JobIR. 

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*IPS (indice de position sociale d’un établissement scolaire) : indice calculé par la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance [DEPP] du ministère de l’Education Nationale et de la Jeunesse, résumant les conditions socio-économiques et culturelles des  familles des élèves accueillis dans l’établissement

Un article rédigé par Lucie Millet

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