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Fiona Urbain
27 May 2025 Dernière mise à jour le Tuesday, May 27, 2025 At 11:52 AM

La SAC HASSO organisait sa journée thématique annuelle consacrée à "La Fabrique du Vivre Ensemble : Service et Habitat", illustrant la transformation profonde que connaît le secteur du logement social. Loin de se limiter à la simple production de logements, les bailleurs sociaux redéfinissent leur mission autour de l'accompagnement et du lien social. Reportage vidéo !

Le projet HASSO (Habitat Solidarité Sud-Ouest) illustre parfaitement l’adaptation du secteur HLM aux nouvelles exigences réglementaires. Initié par la loi ELAN du 23 novembre 2018, qui incitait les offices publics de l’habitat de moins de 12 000 logements sociaux à se regrouper à compter du 1er janvier 2021, ce projet a pris la forme d’une société anonyme de coordination (SAC).

Fort d’une volonté commune de mutualiser leurs forces pour améliorer le service rendu aux locataires, six organismes ont choisi de s’unir : Rodez Agglo Habitat, l’OPH du Gers, Lot Habitat, Tarn Habitat, Tarn et Garonne Habitat, et Habitat Audois. Cette alliance territoriale couvre ainsi six départements du Sud-Ouest, créant un acteur majeur du logement social régional.

Un impact économique et social majeur sur les territoires

Les chiffres présentés par Charlotte Limousin, déléguée générale de DELPHIS AcTerr, témoignent du poids considérable de la SAC HASSO dans l’économie territoriale. « En 2023, c’était quasiment 600 ETP (emplois temps plein). Mais ce qui est intéressant, c’est aussi tout l’impact en termes d’emplois indirects et induits au travers des relations économiques, des contrats avec les entreprises et les prestataires. Cela fait monter le nombre d’ETP à plus de 2 000 », précise-t-elle.

Cette dynamique économique se traduit concrètement par « plus de 500 marchés attribués à des entreprises dont plus de 300 attribués à des TPME », soulignant l’ancrage territorial fort de l’organisation. L’engagement social se matérialise également par plus de 60 000 heures d’insertion réalisées en 2023.

Un logement social face aux nouvelles fragilités

« Avec un peu plus de 30 000 logements sociaux, représentant quasiment un logement social sur deux sur le territoire considéré, la SAC HASSO loge plus de 50 000 personnes » selon Charlotte Limousin. Ces chiffres révèlent une évolution sociologique notable : « 45% des familles logées sont des ménages d’une personne seule. Et nous avons plus de 25% qui sont des familles monoparentales, alors que sur l’ensemble de la population du territoire, la même année, on comptabilisait 9 à 10% de familles monoparentales ».

Cette surrepresentation des publics fragiles souligne le rôle social croissant du logement social face aux « fragilités économiques et à la question de l’isolement, qui est un vrai sujet aujourd’hui dans notre société ».

Une vision politique renouvelée du logement social

Pierre Lacaze, Vice-Président de la Région Occitanie, défend une approche offensive malgré les contraintes budgétaires. « Il y a une crise aujourd’hui, notamment une crise budgétaire, et nous avons dû nous baisser une partie de nos apports financiers pour le logement social. Mais je suis venu réaffirmer que la Région Occitanie souhaite poursuivre son engagement », déclare-t-il.

L’élu régional insiste sur la nécessité de changer le regard porté sur le secteur : « Il y a un terme un peu négatif sur logement social. Tout le monde, ou une grande partie de la population, est éligible au logement social. Il faut le réhabiliter, on en a besoin ». Cette vision s’oppose aux » politiques nationales qui sont menées depuis un certain nombre d’années », selon l’élu régional.

L’évolution des métiers vers l’accompagnement social

Denis Janaud, Directeur général d’Habitat Audois, illustre parfaitement cette mutation des pratiques professionnelles. « Pour le vivre ensemble dans nos quartiers, le plus important, c’est de travailler avec l’ensemble des acteurs de terrain: le tissu associatif, les acteurs sociaux du département, le CCAS », explique-t-il.

Cette approche partenariale s’accompagne d’une personnalisation des services : « Il faut vraiment nous adapter la situation du ménage concerné et travailler avec lui. Il faut aller vers, mais travailler avec pour faire tout simplement le vivre ensemble ».

L’évolution des métiers témoigne de cette transformation : « Certains métiers ne figuraient tout simplement pas dans nos organigrammes. Je pense à la médiation, à la tranquillité résidentielle. Et en remontant encore plus loin, nous n’avions pas d’assistante de prévention sociale. Les travailleurs sociaux sont arrivés dans nos organisations il y a une quinzaine d’années ».

Une réponse originale aux contraintes réglementaires

Bernard Ksaz, Président d’HASSO, revendique l’originalité de la structure créée en réponse à la loi ELAN. « C’était prévu dans une logique de concentration capitalistique. Et nous avons apporté une solution originale qui n’était pas forcément prévue par le législateur au départ », explique-t-il.

Cette « société de coordination réunit des structures qui se ressemblent selon le principe que ” qui se ressemblent, s’assemblent “, avec une identité des territoires et identité de la philosophie centrée sur les territoires ruraux qui logent les personnes les plus défavorisées ».

Pour Bernard Ksaz, « le vivre ensemble, c’est apporter des solutions autres que la simple production d’un logement. Il faut que les gens aient plaisir et qu’il y ait un sentiment d’appartenance par rapport à l’endroit où ils vivent ».

Malgré les difficultés, les résultats demeurent positifs. Charlotte Limousin rappelle que « 85% des locataires de la SAC HASSO se disent satisfaits », tout en regrettant l’absence de données comparatives sur le parc privé.

Cette journée thématique illustre la capacité d’adaptation du secteur HLM face aux mutations sociétales, transformant progressivement la mission de logeur en celle d’accompagnateur social.