Perpignan Saint Charles
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Denys Bédarride
Aujourd'hui Dernière mise à jour le Wednesday, July 16, 2025 At 9:00 AM

Les Pays-Bas ne sont pas les seuls champions de la réexportation de fruits et légumes en Europe. La France aussi joue un important rôle, exportant chaque année des flux de tomates en provenance du Maroc. Au cœur de ce système, la plateforme logistique Perpignan-Saint Charles International (SCI).

Comme Rotterdam aux Pays-Bas, Saint-Charles International situé dans les Pyrénées-Orientales agit comme une plaque tournante majeure du transit et de la redistribution de fruits et légumes à travers l’Europe. Il s’agit de fait du premier centre de commercialisation, de transport et de logistique pour ce genre de produits alimentaires sur le Vieux continent.

La plateforme de 80 hectares est un véritable hub de dédouanement des fruits et légumes en provenance de pays membres de l’UE comme l’Espagne, mais aussi d’ailleurs, notamment du Maroc. Selon les données disponibles, le Royaume chérifien a fourni en 2020 environ 32% du volume total de fruits-légumes ayant transité par SCI. 

Tomate marocaine : point de chute en France, rebond vers l’Europe 

Les achats de tomates de la France depuis le Maroc (premier fournisseur avec 75% du volume) et enregistrés par les douanes comme étant des importations extra-UE ne sont en effet pas uniquement destinés aux assiettes françaises.

Une fois que les commandes destinées au marché local sont soustraites, les tonnages restants suivent un autre circuit qui les mène vers SCI. De là, ils sont réexpédiés et considérés comme des exportations françaises de tomates vers d’autres pays européens : c’est l’effet Perpignan.

Si ce processus n’a rien d’illégal, il aboutit à une curieuse situation : avec près de 300 000 tonnes expédiées en 2023, la France est un exportateur de tomates grâce aux flux marocains alors qu’elle n’est elle-même pas autosuffisante, et qu’elle doit s’approvisionner à l’international en raison de ce déficit.

Selon les données de l’organisme français d’étude et de statistiques agricoles (Agreste), en 2023 l’Hexagone a produit 660 000 tonnes de tomates contre une consommation estimée à 850 000 tonnes. D’après l’Association d’Organisations de Producteurs Nationale (AOPn), seulement 2% des tomates fraîches produites en France seraient réellement exportées.

Plus globalement, selon une étude du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), la France réexporte vers l’UE en moyenne le tiers du total de ses achats de tomates en provenance du Maroc, en se basant uniquement sur les données officiellement déclarées comme réexportations auprès des douanes françaises.