ArcelorMittal Méditerranée a annoncé sa volonté de multiplier par cinq la part des aciers recyclés dans son process de production. Davantage de ferrailles afin de réduire la production de fonte, génératrice de CO2 dans l’atmosphère. Deux investissements majeurs sont prévus en 2024 et 2030, un four à poche et un four à arc électrique nécessitant respectivement 73 M€ et plus de 100 M€. Objectif, réduire de 35% les émissions de CO2 en 2030.
Tout comme Dunkerque, l’usine sidérurgie d’ArcelorMittal Méditerranée entame sa mue. L’aciérie, premier émetteur de CO2 de la zone-industrialo portuaire de Fos-sur-Mer avec 7,5 MT pour une production d’acier de 4 millions de tonnes, a débuté, en 2022, un chantier de transformation en profondeur de ses process de production.
La sortie progressive du charbon (qui permet d’agglomérer le minerai) s’accompagne de la montée en puissance des ferrailles. « Plus d’acier recyclé, c’est moins de fonte et moins de CO2 », résume Christian Vromen, responsable décarbonation-étape 2030 de l’aciérie provençale.
Premier défi : construire, sans interrompre la production H24, un four à poche de 50 MW entre la fabrication de l’acier liquide et les coulées continues quand l’acier se solidifie. Les travaux de construction ont débuté en 2022 pour s’achever deux ans plus tard au terme d’un investissement global de 73 M€ avec le soutien de l’Ademe. « Pour fabriquer de l’acier liquide, nous pouvons utiliser de la fonte liquide ou de l’acier recyclé, des ferrailles à refondre. Le four poche permet d’incorporer plus d’aciers recyclés », ajoute Christian Vromen. De 2 T de CO2 émises par tonne d’acier produite en 2018, l’aciérie entend passer à 1,75 T en 2025 en injectant 10% d’acier recyclé pour 90% de fonte.
L’équivalent du retrait d’un million de voitures en 2030
En 2030, un deuxième grand projet vise l’abaissement à 1,3 T de CO2 (-35%) produite par tonne d’acier en portant à 30% la part des aciers recyclés. « Nos projets CO2 pour 2030 reviennent à retirer plus d’un million de voitures sur nos routes, l’équivalent du parc automobile actuel des Bouches-du-Rhône », ajoute Bruno Ribo directeur d’ArcelorMittal Méditerranée.
Seulement trois fours à arc électrique de 300 MW dans le monde
Un des deux hauts fourneaux de l’usine sera remplacé par un four à arc électrique de près de 10 mètres de diamètre. « Avec une capacité installée de 2MT, il n’existe que trois fours de ce type dans le monde », souligne Bruno Ribo. Ce four de fusion utilisera l’énergie dégagée par les arcs électriques qui se forment entre les trois électrodes en graphite. L’objectif de cette étape est principalement la fusion de l’acier recyclé. D’une capacité de 2 millions de tonnes par an ce four représente de plusieurs centaines de millions d’euros.
« Son investissement sera conditionné aux aides européennes et françaises », a souligné Bruno Ribo. Un parc de stockage d’acier à recycler de 50 000 m² sera aménagé soit l’équivalent de 40 piscines olympiques.
Afin de tenir les objectifs des accords de Paris, ArcelorMittal vise à long terme zéro émission et pour y parvenir elle mise à la fois sur ces propres centres de R&D et sur l’appel à projet zones industrielles bas carbone dont le programme SYRIUS a été désigné lauréat avec Dunkerque le 17 janvier 2023.
SYRIUS pour Synergies Régénératives IndUstrielles Sud fédère 40 industriels de Fos-sur-Mer, du pourtour de l’Étang de Berre et du bassin de Gardanne qui devrait bénéficier de 9 M€ de financement pour développer des études. Parmi les pistes, l’utilisation du CO2 fatal d’ArcelorMittal par d’autres industries voisines et l’utilisation de l’hydrogène dans le process de production de l’acier.
1,8 milliard de tonnes d’acier sont produites chaque année dans le monde et les prévisions font état d’un besoin similaire en 2050. Plus de 50% de l’acier d’ArcelorMittal est produit en Europe. L’usine de Fos-sur-Mer produit 4 MT d’acier par an, dont 150 nuances d’aciers, pour 500 clients. L’industrie consomme 70% de la production (tube électroménager équipements industriels construction) et 30% sont destinés aux constructeurs automobiles. En France ArcelorMittal emploie 15 000 salariés dont 2500 à Fos et 1 500 sous-traitants.
Redémarrage en avril du deuxième haut-fourneau
Après quatre mois d’arrêt, l’un des deux hauts-fourneaux de l’usine d’acier de Fos-sur-Mer va pouvoir être remis en service en avril 2023. Le retour de la demande, alors que les prix de l’énergie connaissent une franche accalmie ces dernières semaines, incite le numéro deux mondial de l’acier à réaugmenter sa production, notamment dans ses usines européennes.
” Nos clients avaient été très impactés “ par la crise, mais “on commence à y voir un peu plus clair, nous allons pouvoir redémarrer notre deuxième haut-fourneau,” a déclaré Bruno Ribo, directeur d’ArcelorMittal Méditerranée.