Baisse des marges, hausse modeste de l’activité sont les principaux marqueurs de l’économie régionale dans les Bouches-du-Rhône en 2023. Selon les prévisions de la direction régionale de la Banque de France et de la CCIAMP, une timide hausse du PIB de 0,3% est à prévoir cette année.
L’inflation a franchi le seuil des 6,7 % en février 2023. Elle devrait atteindre un pic cet été avant de retrouver des niveaux plus faibles au deuxième semestre. Pour accompagner leurs salariés, les entreprises doivent négocier des hausses de salaires et composer avec des taux de crédit supérieurs à 4%, une flambée du coût de l’énergie et des matières premières.
C’est dans ce contexte que l’enquête de conjoncture réalisée par la direction régionale en Provence-Alpes-Côte d’Azur de la Banque de France et la CCIAMP auprès de 500 entreprises révèle les prévisions d’activité pour 2023.
« Nous sommes dans une économie de chocs et d’incertitudes avec des prix des matières premières multipliés par trois ou quatre et une facture énergétique qui aggrave de 50 Mds € la balance commerciale de la France pour atteindre un déficit de 164 Mds€. Pour autant le risque de récession a été écarté par la Banque centrale européenne », a souligné le 28 février 2023, Jean-Christophe Ehrhard.
Le directeur régional de la Banque de France et un membre élu à la CCI Aix Marseille Provence résumaient devant un parterre de chefs d’entreprises et de banquiers le baromètre de l’activité économique régionale en évoquant trois « R » : Résilience en 2022, ralentissement en 2023 et la reprise annoncée pour 2024.
Le grand défi de maintenir les marges
Pour une entreprise sur deux sondée, la crise énergétique va éroder les marges en 2023 et pour une entreprise sur trois elle impactera encore l’activité. En 2023, la croissance du PIB en Provence-Alpes-Côte d’Azur sera de seulement 0,3% contre 2,6% en 2022. La moitié des dirigeants annoncent une érosion de leur rentabilité en 2023. L’industrie régionale a été dynamique en 2022 avec une progression de 11% du chiffre d’affaires.
La décarbonation des activités favorise les investissements, en hausse de 10%. Les effectifs progressent de 2,8% même si les difficultés de recrutement persistent. La hausse du prix des matières premières se poursuit mais la préoccupation majeure des chefs d’entreprise demeure le coût de l’énergie. En février, une nouvelle progression d’activité́ est anticipée par les dirigeants.
Des situations contrastées d’un secteur industriel à un autre. Ainsi, Serge Hincker, président en région Sud de l’ARIA (industries agroalimentaire) dépeint une situation économique sombre avec des difficultés qui s’accumulent. Et de prévenir d’un risque accru de défaillances d’entreprises.
Dans les services marchands, les entreprises prédisent une hausse de 5% du chiffre d’affaires 2023 induite par la répercussion de la hausse des prix. Les dirigeants n’ont pas prévu d’investissements (-10,5%).
« Le secteur de la Construction a fait face à une hausse de près de 10% de ses coûts pour un chiffre d’affaires de 6,1% en deçà des attentes. Un repli s’annonce en 2023. Le principal défi des entreprises du BTP sera de maintenir leurs marges », commente Eric Sella, adjoint au directeur des affaires régionales PACA de la Banque de France.
Reprise des liquidations judiciaires
Fortement impacté par la hausse des prix de l’énergie et des matières premières, le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics fait les frais du ralentissement de l’octroi des permis de construire. Un repli de l’activité s’annonce en région PACA pour 2023. A Marseille néanmoins les grues sont nombreuses notamment dans le périmètre Euroméditerranée 2, le chantier d’extension du tramway a été lancé aussi bien au sud qu’au Nord de la Ville.
« La continuité du programme d’aménagement Euromed 2 vers le Nord, le plan écoles et la lutte contre l’habitat indigne vont contribuer à soutenir l’activité à Marseille », commente Philippe Deveau, membre du conseil consultatif de la Banque de France de Marseille.
Commentant à l’échelle de la métropole Aix Marseille Provence, Maurice Wolff, membre élu à la CCI AMP, évoque l’enjeu de la réindustrialisation en France et plus particulièrement sur le territoire tout en invitant les pouvoirs publics à accélérer les procédures d’installation des usines.
Épargnées par le « quoiqu’il en coute » présidentiel, les entreprises sont désormais en situation de fragilité. « Actuellement, les entreprises en difficulté qui franchissent la porte du Tribunal de Commerce de Marseille partent directement en liquidation (80%) et très peu de redressement judiciaire (20%) », constate Nicolas Ferrand, président du conseil régional de l’ordre des experts-comptables et juge consulaire. 5000 liquidations judiciaires pourraient être prononcées en 2023 soit un retour aux niveaux d’avant la pandémie.